d'après La Population Nocturne et L'Alcool de Marguerite Duras
POURQUOI J'AI CHOISI L’ALCOOL ?
ma note d'intentions
Dans mon prochain spectacle, j’ai envie de parler de l’alcool car l’alcool fait partie de ma vie et y prend une place importante.
Dans mon histoire il y a toujours un verre : un verre de vin, une bière ou un p ‘tit alcool fort qui traine, souvent discrètement, naturellement.
Cela fait 25 ans que je bois de l’alcool. Et l’alcool a jalonné ma vie depuis toujours, depuis le début.
Si j’avais des photos de chaque moment important de mon existence, ou simplement représentatifs ou même quotidiens de ma vie, il y aurait très certainement sur le cliché, quelque part au milieu des corps et du décor : un verre. Plein, vide, à la main, à la bouche, triomphalement levé en l’air ou négligemment posé sur une table : un verre.
Je ne bois pas comme un trou. Mais je bois quotidiennement.
Une p’tite bière avec l’équipe après les répétitions (ou deux, ou trois parfois), un p’tit verre dans ma cuisine le soir en préparant le repas, l’apéro avec les copains les voisins, une bonne bouteille de rouge à la moindre occasion, un p’tit verre avec le fromage parce que c’est meilleur, et puis des quantité astronomique en soirée parce que c’est la fête, des quantité astronomique le dimanche en famille parce que c’est dimanche et parce que c’est la famille, boire pour se détendre, pour célébrer, pour aimer, pour pleurer, pour passer le temps, pour se calmer, pour être une adulte.
Boire parce que je suis énervée, fatiguée, parce que j’ai besoin de courage, parce que je veux plaire, parce que je veux peser moins lourd, je veux être légère.
Tout est bon pour lever le coude !
Le rouge c’est bon pour le cœur ! et le blanc pour les cordes vocales !
Pour ce projet de création, j’ai décidé d’arrêter de boire pendant un mois. Pour voir. Je n’ai cessé de boire vraiment longtemps qu’une seule fois : il y a 8 ans, lors de ma grossesse. Alors prendre cette décision n’a pas été simple.
Arrêter l’alcool me faisait peur.
J’avais peur de m’ennuyer. Peur d’être moins drôle, d’avoir moins de charme, moins d’aisance, moins d’idée. J’avais peur de moins supporter les autres. Peur de moins aimer mon homme. Peur de moins me supporter. Peur d’être un peu perdue, à nue. Peur d’être face à moi-même.
Peut-être que je bois pour taire quelque chose, pour empêcher que quelque chose s’exprime ou advienne de moi ? Boire pour amenuir ma force... pour rester tranquille. Boire pour être une gentille fille.
Je veux faire un spectacle sur l’alcool, sujet sensible pour moi et pour un grand nombre d’entre nous (acteur/actrice ou spectateur/spectatrice de l’alcool ; on a tous une histoire avec l’alcool). Alors j’ai choisi deux textes d’une immense écrivaine très grande alcoolique : Duras forcément ! Qui mieux qu’elle pour poser les mots (maux) de l’alcool ?
octobre 2023
Aurélie Hubeau
PRÉSENTATION DU SPECTACLE
Ce spectacle en diptyque est une traversée sensorielle sur l'alcool à travers deux textes de Marguerite Duras : écrivaine incontournable et alcoolique assumée.
Le premier tableau nous emmène dans les méandres du delirium tremens où troubles et altérations des sens se distillent, à l’endroit du basculement de la raison où visions et hallucinations
peuplent notre espace scénique et mental grâce à une composition visuelle et sonore hypnotique.
Au second tableau, nous suivons d'abord une frêle funambule, marionnette en équilibre sur un fil au-dessus du vide, puis une marionnette à fils horizontaux, toutes deux figures d’une femme tiraillée entre la nécessité de boire pour exister et celle d’arrêter pour vivre.
Ce spectacle interroge de manière sensible et intime l’un des tabous les plus profonds et tenaces de notre société : la dépendance alcoolique.
LA DISTRIBUTION
Mise en scène Aurélie Hubeau
avec la voix de la comédienne Anne See
avec les marionnettistes Elise Combet et Ionah
Mélin
Création sonore Maxime Lance et Vivien Trelcat de
SONOPOPÉE
Création Marionnettes Paulo Duarte et Michel Ozeray
Mise en lumières Aurélie Hubeau et Ionah Mélin
Construction et régie Ionah Mélin
Régie son Maxime Lance
Stagiaire lumières Emma Naegel
Production Aurélie Hubeau et Florence Martin
Remerciements pour leur précieuse participation à la création
Gaëlle Girardot et Nathaniel Mélin